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L'auteur explore une entreprise coloniale de « modernisation» agricole dans le bassin arachidier sénégalais, et les interactions qu'elle met enjeu entre les sociétés rurales wolofet sereer, les agronomes coloniaux et les administrateurs. Il décrit les pratiques de recherche et de culture développées à la station agronomique de Bambey qui contrastent radicalement avec celles du terroir sereer environnant. Il examine les stratégies visant à rendre les savoirs paysans commensurables aux savoirs des agronomes. Certains éléments de l'ordre expérimental de la station furent imposés aux paysans. Alors que les connaissances et la domination de l'État colonial sur les sociétés paysannes étaient encore faibles, l'intervention semencière apparaît comme un outil de pénétration cognitive des sociétés rurales par l'État et ses experts, et un moyen de les rendre plus perméables à l'intervention administrative.

En mobilisant de nouvelles sources, notamment dans les archives allemandes de l'Occupation, nous questionnons la vision, encore aujourd'hui standard, d'une « modernisation agricole » qui, supposément absente sous un Vichy traditionaliste, aurait commencé après-guerre à l'école du modèle américain. C'est l'occasion de décloisonner l'histoire rurale et agricole de la France occupée et de la mettre au diapason des avancées historiographiques qui ont renouvelé la compréhension de la modernisation économique française du deuxième tiers du xx e siècle. La première partie décrit le projet impérial du Troisième Reich dans lequel s'inscrit sa vision d'une agriculture française à intensifier, organiser et moderniser, ainsi que l'important dispositif allemand d'encadrement de l'agriculture française : à Paris au sein du Militärbefehlshaber in Frankreich (Commandant Militaire en France), dans les Feldkommandanturen des départements occupés, ainsi qu'à travers l'exploitation directe de 170000 ha de terres françaises par l'entreprise agricole Ostland. La deuxième explore la variété et l'importance des initiatives « modernisatrices » des milieux collaborationnistes et des autorités Vichyssoises. La dernière partie approfondit trois cas : celui de la réorganisation foncière et l'accélération du remembrement sous la houlette du Génie rural, celui d'un pilotage central du progrès agricole par dirigisme variétal et semencier et celui des dispositifs de lutte contre les « ennemis des cultures ». Nous documentons ainsi des continuités de Vichy à l'après-guerre, qui furent structurantes en matière de « modernisation agricole », notion floue dont une définition analytique plus rigoureuse est ici proposée.

This version is an English and slightly different version of the original article published in Spanish in Revista Mexicana de Sociologia, the original text is:Foyer, J. et Bonneuil, C. « La bioseguridad mexicana : una "actuación de seriedad », Revista Mexicana de Sociologia, vol. 77, no 1, 2015, p. 37-68.http://www.revistas.unam.mx/index.php/rms/article/view/50821/45677 ; Taking the transgenic "contamination" of Mexican maize as its starting point, this article analyzes Mexican biosafety policies during the 2000s. We show how the issue of genetic "contamination" underwent various "distancing" strategies by different Mexican government authorities, that is, being removed from the agenda or sidelined. This distancing reflects the essentially symbolic character of biosafety policy in Mexico, which uses no concrete mechanism to control the release of GMOs into the environment, and is primarily intended to display ostensible respect for international environmental requirements (the Cartagena Protocol) without hindering the grain trade with the United States.

Cette version est une version française et légèrement différente (elle comporte notamment une partie supplémentaire sur l'origine des politiques de biosécurité dans les années 90 : Partie I) de la publication originale parue dans la Revista Mexicana de Sociologia. La référence exacte du texte publié est Foyer, J. et Bonneuil, C. « La bioseguridad mexicana : una "actuación de seriedad », Revista Mexicana de Sociologia, vol. 77, n o 1, 2015, p. 37-68. Il est disponible au lien suivant : ; Taking the transgenic contamination of Mexican maize as its starting point, this article analyzes Mexican biosafety policies during the 2000s. We show how the issue of genetic contamination underwent various "distancing" strategies by different Mexican government authorities, that is, being removed from the agenda or sidelined. This "distancing" reflects the "performance of seriousness" of biosafety policies in Mexico, which uses no concrete mechanism to control the release of GMOs into the environment, and is primarily intended to not hindering the grain trade with the United States. In this distancing strategy, we will point out the ambiguous role of scientific actors and institutions. ; A partir de la problématique de la contamination des maïs locaux mexicains par des transgènes, cet article analyse l'évolution des politiques publiques de biosécurité mexicaines depuis les années 1990. On montre notamment comment ce problème de la contamination transgénique a fait l'objet par les différentes instances gouvernementales mexicaines de diverses stratégies de « mise à distance », c'est-à-dire de mise hors agenda ou de mise à l'écart d'un problème public. Cette « mise à distance » renvoie de manière plus générale à une « performance de sérieux » dans des politiques de biosécurité mexicaines qui ne s'appuie sur aucun dispositif concret pour contrôler la dissémination des OGM dans l'environnement et vise essentiellement à ne pas entraver le commerce de grains avec les Etats-Unis. Dans ces stratégies de « mise à distance », on sera ...

Cette version est une version française et légèrement différente (elle comporte notamment une partie supplémentaire sur l'origine des politiques de biosécurité dans les années 90 : Partie I) de la publication originale parue dans la Revista Mexicana de Sociologia. La référence exacte du texte publié est Foyer, J. et Bonneuil, C. « La bioseguridad mexicana : una "actuación de seriedad », Revista Mexicana de Sociologia, vol. 77, n o 1, 2015, p. 37-68. Il est disponible au lien suivant : ; Taking the transgenic contamination of Mexican maize as its starting point, this article analyzes Mexican biosafety policies during the 2000s. We show how the issue of genetic contamination underwent various "distancing" strategies by different Mexican government authorities, that is, being removed from the agenda or sidelined. This "distancing" reflects the "performance of seriousness" of biosafety policies in Mexico, which uses no concrete mechanism to control the release of GMOs into the environment, and is primarily intended to not hindering the grain trade with the United States. In this distancing strategy, we will point out the ambiguous role of scientific actors and institutions. ; A partir de la problématique de la contamination des maïs locaux mexicains par des transgènes, cet article analyse l'évolution des politiques publiques de biosécurité mexicaines depuis les années 1990. On montre notamment comment ce problème de la contamination transgénique a fait l'objet par les différentes instances gouvernementales mexicaines de diverses stratégies de « mise à distance », c'est-à-dire de mise hors agenda ou de mise à l'écart d'un problème public. Cette « mise à distance » renvoie de manière plus générale à une « performance de sérieux » dans des politiques de biosécurité mexicaines qui ne s'appuie sur aucun dispositif concret pour contrôler la dissémination des OGM dans l'environnement et vise essentiellement à ne pas entraver le commerce de grains avec les Etats-Unis. Dans ces stratégies de « mise à distance », on sera ...

This version is an English and slightly different version of the original article published in Spanish in Revista Mexicana de Sociologia, the original text is:Foyer, J. et Bonneuil, C. « La bioseguridad mexicana : una "actuación de seriedad », Revista Mexicana de Sociologia, vol. 77, no 1, 2015, p. 37-68.http://www.revistas.unam.mx/index.php/rms/article/view/50821/45677 ; Taking the transgenic "contamination" of Mexican maize as its starting point, this article analyzes Mexican biosafety policies during the 2000s. We show how the issue of genetic "contamination" underwent various "distancing" strategies by different Mexican government authorities, that is, being removed from the agenda or sidelined. This distancing reflects the essentially symbolic character of biosafety policy in Mexico, which uses no concrete mechanism to control the release of GMOs into the environment, and is primarily intended to display ostensible respect for international environmental requirements (the Cartagena Protocol) without hindering the grain trade with the United States.

Cette version est une version française et légèrement différente (elle comporte notamment une partie supplémentaire sur l'origine des politiques de biosécurité dans les années 90 : Partie I) de la publication originale parue dans la Revista Mexicana de Sociologia. La référence exacte du texte publié est Foyer, J. et Bonneuil, C. « La bioseguridad mexicana : una "actuación de seriedad », Revista Mexicana de Sociologia, vol. 77, n o 1, 2015, p. 37-68. Il est disponible au lien suivant : ; Taking the transgenic contamination of Mexican maize as its starting point, this article analyzes Mexican biosafety policies during the 2000s. We show how the issue of genetic contamination underwent various "distancing" strategies by different Mexican government authorities, that is, being removed from the agenda or sidelined. This "distancing" reflects the "performance of seriousness" of biosafety policies in Mexico, which uses no concrete mechanism to control the release of GMOs into the environment, and is primarily intended to not hindering the grain trade with the United States. In this distancing strategy, we will point out the ambiguous role of scientific actors and institutions. ; A partir de la problématique de la contamination des maïs locaux mexicains par des transgènes, cet article analyse l'évolution des politiques publiques de biosécurité mexicaines depuis les années 1990. On montre notamment comment ce problème de la contamination transgénique a fait l'objet par les différentes instances gouvernementales mexicaines de diverses stratégies de « mise à distance », c'est-à-dire de mise hors agenda ou de mise à l'écart d'un problème public. Cette « mise à distance » renvoie de manière plus générale à une « performance de sérieux » dans des politiques de biosécurité mexicaines qui ne s'appuie sur aucun dispositif concret pour contrôler la dissémination des OGM dans l'environnement et vise essentiellement à ne pas entraver le commerce de grains avec les Etats-Unis. Dans ces stratégies de « mise à distance », on sera ...

This version is an English and slightly different version of the original article published in Spanish in Revista Mexicana de Sociologia, the original text is:Foyer, J. et Bonneuil, C. « La bioseguridad mexicana : una "actuación de seriedad », Revista Mexicana de Sociologia, vol. 77, no 1, 2015, p. 37-68.http://www.revistas.unam.mx/index.php/rms/article/view/50821/45677 ; Taking the transgenic "contamination" of Mexican maize as its starting point, this article analyzes Mexican biosafety policies during the 2000s. We show how the issue of genetic "contamination" underwent various "distancing" strategies by different Mexican government authorities, that is, being removed from the agenda or sidelined. This distancing reflects the essentially symbolic character of biosafety policy in Mexico, which uses no concrete mechanism to control the release of GMOs into the environment, and is primarily intended to display ostensible respect for international environmental requirements (the Cartagena Protocol) without hindering the grain trade with the United States.

International audience ; This article focuses on a network of farmers in France, who aim to re-establish on-farm seed production and plant breeding from heirloom vareties. Our study aims to analyse the elements which concretely bind the community of practice formed around what they literally call 'peasant seeds' (semences paysannes). The following points are addressed in turn: individual motives (technical, political, ethical or spiritual) which push farmers into rejecting the purchase at the cooperative of certified modern variety seeds; the characteristics of the seed exchange network; and finally, the forms of sociability that emerge from seed sharing within this network. The sharing of breeding practices as well as the exchange of 'peasant seeds' forms an operative act, through which producers share the sentiment of belonging to a 'peasant' community (communauté paysanne), built by breaking with modern industrial farming. ; Cet article se penche sur une dynamique portée par des producteurs en France, qui cherchent à réhabiliter la sélection à la ferme à partir de variétés anciennes. Notre travail vise à analyser les éléments qui soudent la communauté de pratiques constituée autour des dénommées " semences paysannes ". Dans un premier temps, nous rendons compte des ressorts matériels et idéels qui poussent des producteurs de blé à se lancer dans la recherche de variétés anciennes et dans le réapprentissage de techniques de sélection. Pour ces agriculteurs alternatifs cultivant le plus souvent sous le label Agriculture Biologique, les variétés anciennes offrent d'abord des possibilités techniques (une meilleure adaptation à leurs conditions de production). Elles représentent aussi un levier politique (reconquérir une autonomie par rapport à l'industrie semencière) et un positionnement ontologique (construire une relation de compagnonnage avec les plantes). À partir de la création du Réseau Semences Paysannes en 2003, qui met en relation ces personnes jusqu'alors isolées, les ...

International audience ; This article focuses on a network of farmers in France, who aim to re-establish on-farm seed production and plant breeding from heirloom vareties. Our study aims to analyse the elements which concretely bind the community of practice formed around what they literally call 'peasant seeds' (semences paysannes). The following points are addressed in turn: individual motives (technical, political, ethical or spiritual) which push farmers into rejecting the purchase at the cooperative of certified modern variety seeds; the characteristics of the seed exchange network; and finally, the forms of sociability that emerge from seed sharing within this network. The sharing of breeding practices as well as the exchange of 'peasant seeds' forms an operative act, through which producers share the sentiment of belonging to a 'peasant' community (communauté paysanne), built by breaking with modern industrial farming. ; Cet article se penche sur une dynamique portée par des producteurs en France, qui cherchent à réhabiliter la sélection à la ferme à partir de variétés anciennes. Notre travail vise à analyser les éléments qui soudent la communauté de pratiques constituée autour des dénommées " semences paysannes ". Dans un premier temps, nous rendons compte des ressorts matériels et idéels qui poussent des producteurs de blé à se lancer dans la recherche de variétés anciennes et dans le réapprentissage de techniques de sélection. Pour ces agriculteurs alternatifs cultivant le plus souvent sous le label Agriculture Biologique, les variétés anciennes offrent d'abord des possibilités techniques (une meilleure adaptation à leurs conditions de production). Elles représentent aussi un levier politique (reconquérir une autonomie par rapport à l'industrie semencière) et un positionnement ontologique (construire une relation de compagnonnage avec les plantes). À partir de la création du Réseau Semences Paysannes en 2003, qui met en relation ces personnes jusqu'alors isolées, les ...